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         SOLIDAI'RUN, Association de coureurs solidaires

SOLIDAI'RUN, Association de coureurs solidaires

Le Team solidai'run composé de Guillaume, Amandine, Vincent, Sébastien, Charlie et David ... Amateurs, performers et solidaires..


Mercredi 1er avril -3ème étape - Erg Znaïgui/Aferdou Nsooualhine 91 km

Publié par cyaume sur 28 Avril 2009, 22:37pm

Catégories : #MDS 2009 de Guillaume

Etape 3 - Erg Znaïgui/Aferdou Nsooualhine : 91 km

3eme-etape-91km-La-Longue-MDS-2009 Cliquez pour voir toutes les photos de la 3eme-etape sur ce blog   



Mercredi  1er avril 2009

température à 9h00 : 20  degrés et 36% d'hygrométrie
température à 13h00 : 29 degrés et 29% d'hygrométrie

13 abandons à 12h00

 

Jeudi 2 avril 2009

température à 9h30 : 31 degrés et 31% d'hygrométrie
température à 12h00 : 29 degrés et 24,7% d'hygrométrie

33 abandons à 9h30

 


Cliquez sur le lien ci-dessous pour le:
RESUME de la 3ème ETAPE SUR TV5 MONDE... de belles images

Je me lève en criant "on est le 1er avril!!!"
Alors ces 91 km... poisson d'avril?

Le bivouac se réveille lentement. Sans agitation. Bien au contraire.

 

Ce n’est pas une légende, Bachir et son équipe d’hommes en bleu arrivent en criant et démontent une par une les toiles berbères. Véritable cérémonial du MDS, ils nous dépouillent de notre toit en quelques secondes…

 

 



A la tente d’à côté j’aperçois Brahim. Il est venu participer à son 1er MDS avec Valérie, son épouse. Blessé il a abandonné la veille. Il leur souhaite bonne chance et part en 4/4 en leur lançant « je vous prépare la tente… je préférerai être avec vous… ». Nous sommes tristes pour lui. Pour elle aussi.

 

Comme chaque jour, je prends soin de vérifier et ranger mon sac pendant de longues minutes. Sérieux, méticuleux, maniaque, toqué… c’est comme vous voulez.

Je traîne un peu, comme je le fais dans la vie. Je sais qu’au départ je serai là et me donnerai à 100%. Comme dans ma vie.

Et pourtant je serai parmi les premiers sur la ligne de départ (cf article humeurs de course : 10km avec Yohann Diniz au semi de Beaune).

Beaucoup arrivent… à reculons. Chose rarissime, patrick Bauer du haut de son 4/4 est obligé de hausser le ton afin que l’ensemble du peloton soit aligné sur la ligne de départ.

Nous prendrons ½ heure de retard pour cause… d’appréhension des coureurs.

Pas de miracle, la distance est bien confirmée : 91km… mais de la magie : Les plaintes des coureurs s’évaporent avec la chaleur pour laisser place aux applaudissements… Il faut dire Patrick nous a bien vendu son étape : elle devient mythique. Jamais en 25 ans une étape n’aura été aussi longue… et nous sommes au départ ! Reste juste à être à l’arrivée…

C’est étrange mais une fois au milieu de ce peloton, je ne doutais plus de l’issue de cette journée. Avec du recul, il fallait être très fort dans sa tête pour le penser… ou inconscient. Mais l’inconscience au MDS se paye cash… A 9h30, nous nous élançons. Sauf les 50 premiers du classement général, qui partiront à midi. Ces 2 vagues successives permettent  à l’organisation d’éviter d’avoir un trop long peloton à contrôler. Elles sont aussi l’occasion pour les anonymes de voir pour la 1ère fois les premiers courir lorsqu’ils vont les doubler…

 



Le haut parleur diffuse en musique de fond un air d’ACDC.

Dans les airs l’hélicoptère fond sur le peloton.

Cela peut surprendre, mais tout ce bruit fait du bien. Le silence ce sera pour le reste de cette journée de course qui durera 8 à 10h pour les premiers. La moyenne sera entre 16 et 25h… et les derniers, qui auront dormi sur le chemin arriveront le lendemain après 37h. Pour nous ce sera 16h.

 


Cette étape a paradoxalement fait très peu d’abandons (25) mais cela n’a rien d étonnant. Chaque année la « Longue » est si crainte par les concurrents qu’ils l’abordent avec beaucoup d’humilité et restent « en dedans » pour être certains d’arriver au bout. Cette année, avec 15 à 20km supplémentaires aux MDS passés, la « Longue » revêt une autre dimension encore, et ses acteurs, qui en ont eu peur ont eux aussi fait preuve d’une sagesse exceptionnelle en « prenant leur temps ».

 

Nous serons surpris dès les premiers kilomètres par des paysages parfois verdoyants. Nous sommes bien dans le désert, mais les pluies fréquentes de ce début d’année ont permis à quelques fleurs et herbes de sortir du sable…

 

Au bout d’une heure je vois quelques palmiers. C’est la 1ère zone d’ombre de nos 3 premiers jours de course. Il faut dire que le parcours évitant soigneusement les oueds en crues, nous ne croiserons que peu d’arbres et aucun village sur notre chemin. Parfois nous croisions des gamins, des familles, à pieds et venues d’on ne sait où… sourires, applaudissements mutuels, petite tape dans la main… ces rares rencontres faisaient chaud au cœur.

Nous arrivons au CP1 assez rapidement. Peu après, dans une zone montagneuse, un robuste australien se joint à nous, et pour longtemps. Adam, le dossard 707. Comme beaucoup d’anglo-saxons il avait ces espèces de sacs plastiques en guise de guêtres. Rouges. Nous les frenchies, on ne peut pas comprendre… Il était souriant, volontaire et très… grand. D’ailleurs il faisait bon être derrière lui quand il prenait son relais. Un sacré coupe vent cet Adam. Manque de bol je prenais souvent les relais à ses côtés.



Entre le CP1 et le CP2 nous resterons en rang serrés car le vent de face est violent. On se dit à ce moment là qu’on ne va pas faire que rigoler aujourd’hui…



D’ailleurs, avant d’arriver au CP3 certains commencent à sortir leurs MP3. L'isolement est de rigueur. Du coup la communication commence à être difficile. Le rythme est saccadé entre les accélérations des uns et les moments de faiblesses des autres… Chacun son tour. J'avais emmené un ipod au MDS mais n'avait chargé que... 2 titres. Du coup il est resté au fond de mon sac toute la semaine. Il doit sa survie au fait qu'il ne m'appartenait pas... Sans cela je me serai allégé de 30 grammes supplémentaires sans scrupules!


 

Au CP3 après 36km et le vent dans le nez nous nous arrêtons manger nos lyophilisés. Il fait chaud et je déguste mon taboulé frais. Des objets et de l’alimentation trainent par terre. La concurrente irlandaise qui était à côté de nous est distraite. Elle les a oubliés. Abilio se charge de ces centaines de grammes supplémentaires et nous repartons.

Nous sommes doublés en l’espace d’un quart d’heure par 7 ou 8 concurrents de la seconde vague. Scotchés. Impressionnant…

Quelques km plus tard nous rattrapons l’Irlandaise. Elle s’était délestée volontairement… Bibi la rechargera. Non mais !


C’est alors que nous doublons valérie. Esseulée, sans son Brahim. Nos encouragements l’inciteront à nous suivre. Elle s’accrochera dans un premier temps avant de s’intégrer totalement à notre groupe. Un modèle de volonté et de bravoure sur une étape où il en fallait. Elle aurait sans aucun doute préféré effectuer ces 91 km avec son blessé de mari, mais je ne doute pas qu’elle gardera un magnifique souvenir de cette étape à nos côté.

 

Nous passons quelques dunes de sable. A cet instant valérie n’est pas bien. Elle a perdu du terrain alors que nous passons en mode « train ». L’un de nous stoppe pour faire un besoin urgent. On ralenti. En me retournant j’aperçois val qui s’arrache pour revenir. Je n’ai pas envie qu’elle se fasse mal pour rien et demande aux autres de s’arrêter. On l’attendra en marchant. Elle ira beaucoup mieux par la suite…

Nous arrivons au CP4. 50km de parcourus.

Il ne nous reste plus qu’un marathon…

 

Nous sommes au 56ème km quand la grosse ascension de la journée se présente à nous. Un Jebel qui se grimpe en appuyant les mains sur ses cuisses, parfois même à 4 pattes sur les parties les plus instables. On ne peut ni courir, ni marcher. Juste grimper. Alors il faudra des dizaines de minutes pour gravir ces petites centaines de mètres.

C’est ça une  étape de 91 km au MDS… On courait entre 8 et 10 km/h ; Les parties marche se faisaient entre 5,5 et 6,5 km/h, mais les ascensions, les dunes, les vents forts, les arrêts aux CP pour remplir nos bidons et manger font tomber ce qui est finalement une belle moyenne horaire au final puisque nous serons à plus de 6,5km/h.

 

 

 

 


Au sommet, un petit groupe se forme. La vue y est belle. Il y là guillaume Marchaut des « papillons de Charcot », et puis Touda Didi, qui a rattrapé ses 2h30 de retard sur nous alors que nous sommes au 56ème km… Impressionnant petit bout de femme. La nuit tombe et il va falloir accrocher au dos de nos sacs les petits bâtons lumineux verts. Ils permettent de voir le ou les concurrents positionnés devant nous la nuit. J’accroche celui de Touda et j’en suis fier ! Mais ça ne m’a pas aidé à la suivre par la suite…

 

 

 


On dévale la descente qui est assez technique. Le soleil s’est définitivement couché. Nos lampes frontales sur la tête nous avançons dans de nouvelles dunes. Val et moi en seront les premières victimes ; Nous resteront en retrait du groupe quelque temps. Cela nous permettra de discuter notamment de Toulouse, sa ville. Imaginer un bon repas dans le sud-ouest nous ramène à la hauteur du club des 5.




Au CP5, kilomètre 64, il est temps de se poser pour manger. Après discussion, c’est une demi-heure de répit que nous nous accordons pour savourer le repas qui doit nous permettre de boucler l’étape. Ce repas m’aura fait le plus grand bien.

Les 15km qui nous mèneront au CP6, je ne m’en souviens plus très bien. Il faisait nuit. Il y aura quelques petites ascensions rocailleuses, rien de méchant, mais à cette heure là ça use… Le rayon laser projetté depuis le CP6 nous guide, si près et si loin à la fois.

 

Au CP6, Valérie ne s’arrête pas. Elle préfère partir devant en marchant pour que nous la récupérions plus tard. Nous ne la reverrons que le lendemain matin. Elle bouclera cette étape quelques minutes avant nous. Brahim peut-être fier.


Moi je ne m’arrête pas longtemps au contraire des 5 oranges. Je sais qu’ils me rejoindront plus tard. Il est 23h et les 12 derniers km dans cette nuit noire seront pénibles.

Les minutes passent et personne ne revient derrière. Je récupère un grand type. Je le lâche. Un peu plus tard je récupère Alain. Nous nous connaissons depuis l’hôtel. Il n’est pas très bien alors je l’encourage à me suivre un peu. On alterne course et marche. On discute de la Trans’Aq qu’il a déjà effectuée. Alain me demande de continuer seul, il a mal au dos et a du mal à suivre. Je le laisse à son rythme.

Je suis bien, il fait frais. Et toujours pas d’Oranges…



Je n’ai plus de bâtons lumineux d’autres coureurs en point de mire, pas plus en me retournant.
Seules les balises phosphorescentes vertes disposées par les pistards le long du parcours permettent de ne pas se perdre.

Je suis seul au milieu du désert. Dans le noir. Même pas peur ! C’est même grisant et ça me porte… . Ma lampe frontale m’évite de trébucher sur une fin de parcours riche en caillasses… il est difficile d’admirer le ciel étoilé tant je me concentre sur mes pieds.

Des petites loupiotes loin derrière se croisaient.

 

Et puis la chanson fut. Un air que je connais. IlS arrivent… Quelques centaines de mètres plus loin la jonction se fait. J’apprends qu’il leur a fallu composer avec les problèmes intestinaux de Jérôme depuis le CP6. Quelle équipe ! Il ne reste que 2 ou 3 km avant l’arrivée. On aperçoit un groupe d’une dizaine de lumières à 200m derrière nous. Olivier notre stratège ne veut pas perdre 10 places…Comme il y a encore un peu de place pour la compétition dans nos jambes et un brin de lucidité dans nos cerveaux fatigués, on accélère une dernière fois sous son impulsion.

Il ne reste que quelques centaines de mètres...



Et puis l’arrivée fut. Irréelle… encore plus belle que je l’imaginais… Nous la franchissons calmement mais en chantant quand même… Tous les 6 en orange. Quelques heures auparavant j'avais enfilé un t-shirt supplémentaire et mon maillot manches longues orange pour me protéger du froid. Cette nuit là je suis fier d'être un orange parmi les oranges. Plus que jamais.

 



Après 16h d'une journée gérée du début à la fin. Il est 1h du matin.

Nous irons vite nous coucher. Rapidement endormis aussi



Les arrivées continueront toute la nuit, et le lendemain toute la journée jusqu’au soir où les 2 derniers seront fêtés comme il se doit.

 


Mes premières larmes de ce MDS ont coulé en voyant Osman et son fabuleux sourire accueilli comme un héros par les coureurs, le staff et les médias. Et que dire de Dietrich, le dos plié, massacré par le poids de son sac... Tous 2 avaient pris le départ il y a plus de 35h!
Deux scène si humaines après une journée sans doute inhumaine pour beaucoup.




















 








 

Cette folle journée aura été fatale à Lahcen Ahansal, 10 fois vainqueur du MDS, qui abandonnera dès le 50ème km. Un autre favori, Jorge Aubeso,  vice champion du monde du 100km va sombrer et finir en … 25h. Faisant fi de son égo, ce champion  sympathique au possible terminera au milieu des anonymes. Touda Didi, 1ère femme et le petit frère de Lahcen, Mohamad A hansal, vainqueur chez les hommes, diront à la remise des prix que ce fut leur plus dur MDS… Cette étape n’y était certainement pas étrangère...

Et on y était… Lolo, bibi, steph, le vieux, olive, gégé, eddy et les autres… on y était. Au bout…

Voici ci-dessous un extrait de texte écrit par Marc Louboutin pour JOGGING International. Il évoque la difficulté pour beaucoup à rallier cette arrivée lors de l'étape de 91km. J'ai eu la chance de ne pas être dans cette extrémité physique et psychologique. Je sais que cela peut arriver à tout le monde, mêmes les plus aguerris ou les plus entrainés. Au MDS le moindre grain de sable peut se transformer en montagne:

3ème étape vue par Marc Louboutin pour JOGGING International
Extrait:
"... Courir tant que c’est possible, puis alterner marche et course et parfois ne plus pouvoir qu’avancer avec difficulté un pied devant l’autre, dans la froideur de la nuit, sont le lot du plus grand nombre.
Le vent est terrible, il semble toujours de face, et lorsque la nuit tombe il fait littéralement frissonner de manière irrépressible les concurrents.
La nuit, il n’y a plus de course qui compte. Il faut arriver, coûte que coûte. Aux détours de la piste, au hasard des rencontres sous les tentes des points de contrôle, il n’y a plus que des hommes et des femmes rendus solidaires par l’effort. Ils se réconfortent, partagent leur repas sommaire, s’aident à remettre les sacs sur les épaules ou à fixer les bâtons lumineux de manière visible.
Une communauté naît au fil des heures et des kilomètres, des amitiés se nouent dans la douleur et parfois la désespérance. De larmes jaillissent parfois devant de parfaits inconnus qui comprennent et réconfortent pour éviter les leurs.
La nuit semble sans fin, sans fond, le laser qui marque l’avant dernier check point si proche et pourtant jamais à portée au fil des pas.
On pourrait penser à une armée en déroute à les voir trébucher à la maigre lumière de leurs lampes, à les entendre traîner les pieds. Mais aucun de ceux qui sont sur la piste dans la nuit glacée ou au petit matin ne sont dans la défaite. Chacun
sort vainqueur de cette étape qui fût à la fois magnifique et terrible.
Ils ont, tous réussi à franchir les montagnes, les grandes étendues blanches encore souples de la pluie des derniers jours, les plateaux parsemés de cailloux les ont fait trébuché, et même les dunes leur ont présentées leurs faces les plus abruptes.
Ils sont là, ils arrivent, éblouis, hallucinés par les lumières de leurs frontales, sous la banderole d’arrivée, ou le soleil du matin les découpant en silhouettes immenses sur le sol empierré.
Certains ont même connu deux fois la chaleur du zénith sur leurs crânes avant de rejoindre le bivouac et le dernier n’arrivera que durant la deuxième nuit.
De tous ceux là, aucun n’a battu le désert. Et si la victoire sur eux même peut sembler dérisoire à qui n’a pas connu la plénitude d’une telle expérience de dépassement de soi, eux, savent, tous, le caractère unique de cette expérience dans leur vie.
Plus que jamais ils rentreront marqué à vie de cette étape longue, qui sans doute, et déjà une légendaire pour la longue histoire du Marathon des Sables..."

 

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